300 miles Carole 2006
Étant libéré du poids de savoir si nous faisions bien de forcer le rythme pour se qualifier de justesse en final A, nous nous sommes attelés à s'organiser pour nos ravitaillements.
Notre Team Manager RGZ a passé en revue toutes les possibilités et a attribué un rôle à chaque membre de l'équipe. Delirii béquille malgré notre poids difficile à soulever, Annafiole ouvre le réservoir, Roadrun fait le plein, Sylvain veille à notre sécurité, extincteur en main, RGZ lance les ordres à chacun, et nous pilotes, une fois le plein fait, sautons sur la moto et remettons gaz. Voilà la théorie finale décidée le samedi soir au bout de quelques "liquide à fermentation de houblons" et de bonnes rigolades de Zan qui n'en revenait pas qu'on puisse se prendre autant la tête pour faire un plein. Ca donne en gros du 20 secondes. Bref une fois tout étudié, on se pose un peu pour décompresser de cette journée stressante dû à une météo capricieuse, et on se rentre histoire d'être en forme pour le lendemain. Annafiole fait péter sa salade de pâtes. J'en mange autant que je peux, ça nous fera quand même 5 repas (j'en veux plus au moins pendant un mois) et dodo. Dimanche nous constatons qu'il pleut à notre réveil. Toutes mes pensées sont pour Zan, Upi, Bob et Mary qui roulent dans la finale du matin. J'espère qu'ils vont rester sur leurs roues. J'ai hâte d'être sur le circuit pour les voir et les soutenir. En arrivant sur le paddock, je vois malheureusement la moto de Zan et Upi avec de la terre et de la pièce cassée. Je prend des nouvelles, les pilotes sont Ok c'est le principal. Ils ont tenté un coup de poker. Du coup nous retrouvons la problématique de la veille. Avec quels pneus doit on prendre le départ ? Slick ? Pilot Power ? Ou Supercorsa ? C'est décidé on monte une paire de jante en pluie, et l'autre en Supercorsa. Nous attendrons la dernière minute pour monter les jantes Supercorsa. J'ai la boule au ventre, je me gave de flotte, et remange des pâtes. Toute l'équipe s'active pour aménager le stand, l'heure se rapproche et je stresse de plus en plus en me demandant si nous avions bien fait de s'arracher pour rouler dans une finale ou notre niveau est réellement juste…
De plus je pars avec des pneus neufs, et je n'aurai que le tour de chauffe pour les roder, sachant que dès le départ ça va avionner dans tous les sens… Gloups ! Nous sommes appelés, c'est parti je fais mon tour de formation et viens me mettre sur l'avant dernière ligne. Un pseudo départ est donné pour notre tour de chauffe. C'est le seul moment ou je peux en faire un pour répéter, car j'en ai jamais fait (sur le sec). Je m'applique j'accélère je m'arrache nickel la roue avant ne touche plus le sol mais je reste sur l'avant de la moto et l'empêche de cabrer, j'arrive à passer les rapports. J'suis super content de moi et espère refaire la même dans 2 minutes pour le vrai départ. Je m'applique à faire chauffer mes pneus au maximum, et me replace sur mon avant dernière ligne en 24ème position…. Je vérifie d'être sur ma marque, vérifie que l'alfano soit en route, me cale bien et lève la tête pour être à l'affût du feu vert, sauf qu'à ce moment tout le monde part !!! Merde ça va super vite, je claque ma vitesse et ouvre comme un porc et fait ce que je peux en étant dégoûté d'avoir louper les feux ! Je
reste sur la gauche et me faufile sans aucune pitié.
En deux tours on m'annonce au panneautage 15ème ! Yes !! Partant 24ème ça me remonte le moral. Je m'applique et accroche la roue de celui qu'est devant, je veux plus le lâcher. Je vois que mes temps sont ceux des qualifs, je commence a me demander combien de temps je vais tenir ainsi mais j'ai envie de conserver au tant que je peux cette place. Je cherche mon panneautage mais étant au fond du paddock, nous arrivons vite et j'ai juste un instant pour jeter un oeil et j'ai du le louper. Pas grave, je reste le plus concentré possible car j'enquille mes tours un peu à l'arrache, en essayant de me détendre et de garder la cadence. Puis grosse chute méchante pour un concurrent et sortie de la voiture de neutralisation. Je suis le deuxième derrière elle, et nous commençons une longue série de tours lents. La chute semble très sérieuse, moto et pilote ont traversés le mur de pneus et sont derrière. Je n'arrive pas à voir ce qu'il y a mais au fur et à mesure nous arrivons à voir 3 ambulances. Aïe ça fait froid dans le dos, je préfère essayer de zapper et de rester concentré. J'attends que les feux de la voiture s'éteignent ce qui signifie qu'elle sortira et que la course reprendra, j'suis près je fixe ces foutues lumières qui s'éteignent pas mais je vois la voiture sortir… Arrggg !!!! Je repars le couteau entre les dents et me fait doubler dans tous les sens, à droite à gauche à en avoir la trouille…
Enfin va falloir s'y habituer….
Parmi les avions qui passent je réalise que je n'ai pas vu Hexagone. Aïe… pourvu que … je préfère me re-concentrer. Je passe devant le stand et vois la position 11, ça me motive et continue à aligner mes chronos, je force et m'accroche. Je roule depuis 45 minutes, je commence à me rendre compte que cette cadence commence à me griller physiquement, mais je me dis qu'on avait convenu que mon relais ferait 50 minutes, je dois pouvoir tenir. Je passe devant le stand et regarde mais je ne vois pas le panneau. Je continue. Ca bastonne quand même plus sévèrement qu'en Final B. Je suis derrière la Harley, je la colle dans le lent et je décide de l'attaquer dans la parabolique. Malheureusement il reste collé à la corde le bougre, j'attaque à l'exter, j'arrive à sa hauteur on remet les gaz ensemble et il m'écarte m'écarte et ne lâche rien… Arrrggg pas simple car il se défend. L'ayant vu rouler aux essais je ne tente même pas les freinages, trop risqué avec leur partie cycle ils mettent tout le monde sur cette phase. Je me prend 10 mètres comme prévus au frein,
Je vois mon copain (copain comme cochon= panneau avec un cochon) Spéciman qui roule comme un dieu, fini le surnom de diesel, ça fait deux courses qu'il se met dans le rythme en 3 tours. Il tourne depuis un moment et assure, ce qui me met la pression. Il ne lâche rien, tombe son chrono, bas son record personnel et reste régul dans des temps qu'il n'avait jamais fait. Il fera un relais d'1h10, chapeau ! Je me prépare à repartir, nous sommes 10ème et avec un peu d'avance sur le 11ème. Faut juste continuer à cravacher et faire des tours. Nos chronos ne permettront pas à eux seuls de rattraper ceux de devant, sauf si ils sont plus longs au ravitaillement. Je pars pour faire mon relais et ne cherche pas à faire une performance, je tiens mon rythme en 1'12 en surveillant le panneau qui m'est présenté à chaque tour. Nous avions convenu d'un code si nous risquions d'être rattrapés et tant qu'on ne me le montre pas je suis tranquille. Au bout de 40 minutes je vois le panneau STOP +2 tours. Je suis bien physiquement et me demande si 40 minutes ont suffit à Spéciman pour récupérer. Si il doit se refaire 1h10 ça risque d'être chaud. Ne réfléchissant pas plus je décide de ne pas sortir et de pousser 5 minutes de plus. Cette fois en arrivant au stand ce fut a mon tour de me faire engueuler ; En effet j'avais zapper qu'étant la fin de la course Spéciman n'avait plus que 40 minutes à faire … Notre ravitaillement fut éclair, nos adversaires devaient mettre deux, voire trois fois plus de temps, ce qui nous permis de les passer et d'avoir 1 tour d'avance en plus. Un autre classé devant nous s'arrête pour ravitailler, mais en donnant un coup de gaz la Ducat nous fait une pétarade bizarre. Je me dis que ce n'est pas bon pour eux mais excellent pour nous. Du coup elle rentre au box pour un bricolage de dernière minute rapide. Mais… pas assez rapide, bip bip Spéciman passe devant les stands et nous voila 8ème…
Il reste 20 minutes, aucun de ces deux concurrents ne sera suffisamment rapide, et Spéciman tiendra tout son relais régulier comme une horloge. Il se permettra même de taxer la Harley au freinage !!! Chapeau, j'ai cru même l'entendre crier sa joie dans son casque !! La fin arrive et nous sommes 8ème !!!
Yes yes !!! Qui l'aurait cru. Notre revanche de l'an dernier sur ces 300 miles est bien prise ! Pas de blessures et course faite dans l'amusement. Un grand merci à Delirii pour son panneautage, à Roadrun pour ses ravitaillements et désolé de ne pas t'avoir fait sortir tes outils pour mettre ta casquette de mécano, à Sylvain pour sa première expérience moto et son sérieux dans son rôle de pompier, à Anna pour avoir nourri toute la troupe, RGZ pour avoir mener tout ce petit monde magistralement. Je me suis même pas rendu compte des ravitaillements tellement c'était rapide, a Karine pour m'avoir aidé à mettre ma botte droite au pied droit, à Franckie, Sigrid Zan Upi et Ropso TM par intérim lors des pipi de notre TM officiel, et à mon copain Spéciman pour avoir roulé comme un chef. Merci également à Fifi de Bike Color pour son réglage de ma moto aux petits oignons. Elle a fonctionné à merveille, merci mon gars.
Frédo